2 juillet 2025

Comment concéder une licence sur un brevet à un tiers ?

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Comment concéder une licence sur un brevet à un tiers ?

Le brevet est un puissant outil juridique qui confère à son titulaire un droit exclusif d’exploitation sur une invention technique. Mais il ne s’agit pas seulement d’un moyen de protection contre la concurrence : le brevet peut également être une source de valorisation économique. L’un des moyens les plus efficaces de transformer un brevet en levier de développement est de le concéder sous licence à un tiers. Cela permet au titulaire du brevet d’autoriser une entreprise ou une personne à utiliser son invention, tout en en tirant une contrepartie financière.

Qu’est-ce qu’une licence de brevet ?

La licence de brevet est un contrat par lequel le propriétaire du brevet (appelé concédant) autorise un tiers (le licencié) à exploiter l’invention brevetée dans des conditions définies à l’avance. Cette exploitation peut concerner la fabrication, l’utilisation, la commercialisation ou encore l’importation du produit ou procédé protégé.

La licence ne transfère pas la propriété du brevet : le titulaire reste pleinement propriétaire de son droit. En revanche, il accorde un droit d’usage limité, dont l’étendue peut varier selon les termes du contrat. C’est un outil juridique souple, que les entreprises utilisent pour rentabiliser une invention, pénétrer de nouveaux marchés ou nouer des partenariats industriels.

Les différents visages de la licence

Toutes les licences ne se ressemblent pas. Il existe des licences exclusives, où un seul licencié a le droit d’exploiter l’invention, et même le titulaire du brevet s’en interdit l’usage. À l’inverse, la licence non exclusive permet à plusieurs entités d’exploiter la même invention, y compris son titulaire. Il est également possible de limiter la licence à un pays, une région, ou un secteur d’activité donné. Ainsi, un titulaire de brevet peut accorder à un partenaire le droit d’exploiter son invention en Europe pour un usage industriel, tout en la concédant à un autre acteur pour une utilisation médicale en Asie.

Cette flexibilité permet d’adapter la licence à la stratégie de l’entreprise : elle peut être un outil de croissance à l’international, un moyen de générer des revenus récurrents, ou encore un support de coopération technologique.

Comment mettre en place une licence de brevet ?

Avant de concéder une licence, il est essentiel de s’assurer que le brevet est valide, en vigueur et que les droits sont bien détenus par le concédant. Il est également possible de conclure une licence sur une demande de brevet en cours d’examen, mais cela présente plus d’incertitudes.

La mise en place d’une licence suppose d’abord une phase de négociation, au cours de laquelle les parties déterminent l’objet de la licence, sa durée, son étendue géographique, les conditions financières et les obligations de chacun. Ces éléments seront ensuite formalisés dans un contrat écrit, qui constitue la base juridique de la relation.

Le contrat doit préciser les références du brevet concerné, décrire les droits concédés, la durée de la licence, les territoires couverts, ainsi que les éventuelles restrictions d’usage. Il doit aussi encadrer la rémunération : il peut s’agir d’un montant fixe, d’un pourcentage sur le chiffre d’affaires généré grâce à l’invention, ou encore d’un minimum garanti.

En parallèle, il est souvent utile de prévoir des clauses relatives au respect de la confidentialité, à la qualité des produits fabriqués, à l’obligation d’exploitation effective, ou encore aux modalités de résiliation anticipée du contrat.

Pourquoi rédiger un contrat détaillé ?

Parce qu’une licence mal rédigée peut conduire à de lourds contentieux. Un contrat clair permet d’éviter les ambiguïtés sur l’étendue des droits concédés. Il protège également le licencié, qui s’engage à investir dans la technologie en ayant la garantie de pouvoir l’exploiter. Pour le concédant, un contrat bien ficelé sécurise les flux financiers, évite les dérives d’usage et permet de réagir efficacement en cas de non-respect des engagements.

Il est fortement recommandé d’enregistrer la licence auprès de l’INPI pour un brevet français, ou auprès de l’OEB pour un brevet européen. Cette formalité, bien que facultative, donne à la licence un effet juridique renforcé vis-à-vis des tiers. En cas de cession du brevet, par exemple, l’enregistrement protège les droits du licencié.

Des précautions particulières en cas de copropriété

Lorsqu’un brevet est détenu par plusieurs personnes, on parle de copropriété. Dans ce cas, la concession d’une licence nécessite, sauf convention contraire, l’accord de tous les copropriétaires. Il est donc fortement conseillé d’organiser la copropriété dans une convention spécifique qui précise les règles de gestion, de décision et de partage des revenus issus de l’exploitation.

Optimiser la valorisation de l’innovation : Les clés d’une concession de licence réussie

La concession d’une licence sur un brevet est un moyen efficace pour une entreprise de valoriser sa recherche et son innovation. Elle permet de tirer profit d’une invention sans nécessairement en assurer soi-même l’exploitation industrielle ou commerciale. Mais cette opération repose sur un équilibre contractuel précis, qui nécessite une attention particulière lors de sa mise en place.

Pour en garantir le succès, il est recommandé de se faire accompagner dans la négociation et la rédaction du contrat. Bien gérée, la licence peut devenir un véritable levier économique et stratégique, au service de l’expansion et de la compétitivité de l’entreprise.

Auteur : Dhenne Avocats.