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Contrat de cession de marque

Définition : Contrat de cession de marque

La marque constitue un actif essentiel dans la stratégie commerciale d’une entreprise. Elle permet d’identifier ses produits ou services, de se distinguer de la concurrence et de fidéliser sa clientèle. À ce titre, elle relève de la propriété intellectuelle, et peut faire l’objet de diverses formes de transmission, parmi lesquelles la cession.

Le contrat de cession de marque est l’acte juridique par lequel le titulaire d’une marque décide de transférer tout ou partie de ses droits à un cessionnaire. Ce transfert peut porter sur une ou plusieurs marques, enregistrées ou déposées, et peut être opéré à titre onéreux ou gratuit. Ce mécanisme juridique répond à des conditions strictes, encadrées par le Code de la propriété intellectuelle et les règles issues du droit de l’Union européenne.

Nature juridique du contrat de cession

La cession de marque s’analyse comme un contrat de transfert de propriété. Il se distingue de la licence de marque, qui ne confère qu’un droit d’usage temporaire, sans transmission du titre. Dans la cession, le cédant (titulaire initial) transfère l’ensemble des droits patrimoniaux attachés à la marque au cessionnaire (celui à qui on cède), qui en devient le nouveau titulaire.

La marque peut être cédée indépendamment de l’entreprise elle-même, contrairement à d’autres éléments du fonds de commerce. Elle peut faire l’objet d’une cession totale (intégralité des droits, pour tous les produits ou services visés) ou partielle (limitation à certains produits, services, ou territoires).

Conditions de validité de la cession

Pour être valable, le contrat de cession doit respecter certaines conditions :

  1. Il doit être constaté par écrit, conformément à l’article L.714-1 du Code de la propriété intellectuelle.
  2. Il doit identifier précisément la ou les marques cédées, ainsi que leur numéro d’enregistrement, leur titulaire et leur étendue (territoriale, sectorielle…).
  3. Il doit mentionner le prix de la cession, ou préciser s’il s’agit d’une cession à titre gratuit.

Le dépôt et l’enregistrement de la cession auprès de l’INPI (Institut national de la propriété industrielle) ou, en cas de marque communautaire, auprès de l’EUIPO (Office de l’Union européenne pour la propriété intellectuelle), sont indispensables pour assurer l’opposabilité de la cession aux tiers. Sans cette inscription, le cessionnaire ne pourra pas faire valoir ses droits en cas de litige.

Inscription de la cession

L’inscription au registre national des marques tenu par l’INPI se fait via un formulaire spécifique, accompagné de l’acte de cession et du justificatif de paiement de la redevance. Cette procédure d’enregistrement est essentielle pour rendre le transfert effectif vis-à-vis des tiers, notamment en cas de conflit ou d’action en contrefaçon.

L’absence d’inscription rend la cession inopposable aux autres acteurs économiques. Ainsi, un licencié, un agent ou un concurrent pourrait continuer à considérer l’ancien titulaire comme le seul détenteur légitime des droits sur la marque.

Encadrement européen et limites de la cession

En droit de l’Union européenne, le principe est que la cession d’une marque est licite dès lors qu’elle n’est pas utilisée comme un instrument de cloisonnement du marché intérieur.

En effet, le droit exclusif conféré par une marque ne saurait être utilisé pour empêcher les importations parallèles au sein de l’Union. Si la cession est accompagnée de clauses restrictives telles qu’une exclusivité territoriale trop stricte ou des ententes sur les prix entre les anciens et nouveaux titulaire(s), elle pourrait être analysée comme une entente anticoncurrentielle au sens de l’article 101 du TFUE.

Effets de la cession

Une fois la cession régulièrement conclue et enregistrée, le cessionnaire devient le nouveau titulaire de la marque, avec l’ensemble des droits afférents. Il peut :

  1. exploiter directement la marque (production, commercialisation) ;
  2. consentir une licence à des partenaires commerciaux ;
  3. agir en justice en contrefaçon ;
  4. céder à son tour la marque à un autre tiers.

En somme, le contrat de cession de marque est un acte juridique à fort enjeu stratégique. Il permet de transmettre un titre de propriété intellectuelle et les droits qui y sont attachés, à condition de respecter un formalisme rigoureux et une procédure d’enregistrement auprès de l’INPI ou d’un office compétent.

Le respect des règles de concurrence, la clarté des clauses contractuelles, et l’attention portée à l’inscription de la cession sont autant de garanties indispensables pour sécuriser le transfert et éviter les contentieux avec les tiers.